Le projet Respirer sous l’eau est une installation théâtrale et sonore. Elle porte en son sein trois histoires réelles en zone de fragilité, où s’entrelacent la vie et la mort ainsi que la quête d’espoir. Cette méditation entre son et image, entre théâtre et installation, entre intime et politique, est écrite et mise en scène par Klervi Thienpont, créatrice et comédienne.
Trois zones de fragilité
Première zone – La Suède, comme bien des endroits à notre époque de grandes migrations, est une terre d’accueil de réfugiés. On dit que là-bas, un habitant sur 100 est demandeur d’asile ou réfugié. Or, depuis les années 2000, un nouveau phénomène touche certains enfants de ces communautés précaires. À l’annonce d’un refus du statut de réfugié, et donc d’une expulsion vers leur pays d’origine, ces enfants tombent dans un état proche de la catatonie… Ils « s’endorment », deviennent ni réactif aux stimuli physiques extérieurs ni à la douleur. Et ce, pendant des années, suspendus entre deux mondes dans l’attente d’une lueur d’espoir qui les ramènera à la vie.
Deuxième zone – George est un réfugié syrien arrivé à Montréal en juin 2017 avec sa famille, parrainé par un groupe de gens de théâtre, dont Klervi. George est né près d’Alep, quelque temps après le début de la guerre syrienne. Lors de son arrivée au Canada, il se battait depuis ses deux ans contre une récidive d’un cancer des muscles. La science actuelle ne connaît pas de cure à ce type de cancer. George est âgé de 5 ans.
Troisième zone – Et finalement, on y parle de l’absent, ce frère de Klervi parti trop jeune, trop vite, sans un mot, laissant derrière lui un gouffre de questions, une douleur sans nom.
Le spectateur est son propre décor
Pour faire face aux fragilités et aux tranchées laissées derrière par les événements abordés, la mise en scène appelle l’intimité et la pudeur. Nous proposons un dispositif sonore immersif. Nous voulons créer une plongée en soi où le corps du spectateur devient partie intégrante de la représentation, du décor même, tout en créant une dramaturgie du délicat.
Les spectateurs sont donc divisés en deux groupes. Une première portion couchée dans une série de lits pendant que l’autre partie du public est à leur chevet. Le lieu évoque un hôpital tout en pénombre, un sanctuaire pour les endormis, tout en faisant aussi référence à l’état de coma entre la vie et la mort propre au manque d’espoir. Au centre, un des lits contient des objets appartenant à l’absent.
Les deux performeurs Klervi et Jonathan interviennent dans l’espace de façon fantomatique tels des soignants auprès des spectateurs couchés et de leurs proches recueillis à leur chevet. Ils entrent en interaction avec une série de projections abstraites sur un écran central ou sur le mur du fond, en plus d’être en relation avec l’absent.
Écriture sonore, texte et mise en scène Klervi Thienpont
Scénographie et projections visuelles Jonathan Girard
Dramaturgie et direction artistique Philippe Ducros
Musique originale Mathieu Campagna
Éclairages Thomas Godefroid
Une production Hôtel-Motel
Klervi Thienpont a reçu une bourse d’écriture du Conseil des arts du Canada pour l’écriture de ce projet.
Ce spectacle a bénéficié d’une résidence de création au Théâtre de la Ville de Longueuil.