© Anne-Laure Jean (Amir Khadir) / Espace Libre / novembre 2012
© Anne-Laure Jean (Amir Khadir) / Espace Libre / novembre 2012
Cinq lapins affamés sont gardés en cage. On place une échelle avec une carotte au-dessus. Le lapin qui réussit à manger la carotte est peint de rouge. Les autres sont aspergés d’eau glacée. Après quelques jours de ce régime, les lapins blancs se mettent à attaquer le lapin rouge. On stoppe la punition. Le processus continue. Les lapins attaquent toujours. On enlève graduellement les lapins qui ont vécu la punition les remplaçant par d’autres. Les lapins attaquent toujours, même quand plus aucun lapin n’a vécu la punition. On retire finalement la carotte… Les lapins blancs attaquent toujours le lapin rouge.
Lapin blanc, lapin rouge est une pièce de l’auteur iranien Nassim Soleimanpour. Elle tourne autour de sa réalité d’artiste sous dictature théocratique. Il ne peut quitter le pays et risque sa vie simplement en prenant la parole. Comme métaphore à ce risque et au vertige implicite de son geste artistique, ce solo est présenté chaque soir par un comédien différent qui prend connaissance du texte devant le public. L’auteur absent s’adresse directement aux spectateurs à travers ce comédien… Peu à peu, son absence devient le personnage principal de la représentation. Il donne des consignes au comédien, et inclut même les spectateurs à son histoire, les poussant à devenir figurants actifs du récit. Pour arriver à ses fins, pour présenter les ramifications liées à son état d’artiste sous oppression, Soleimanpour utilise une allégorie autour de lapins. À travers elle, sont décortiqués les processus d’endoctrinement, les rouages de la répression et la passation de cette violence et de la peur liée à elle au sein même d’une population.
Au bout du compte, à travers le parcours de cet artiste absent, c’est la situation même des Iraniens qui est évoquée. On parle de l’Iran, de ce pays que l’on place totalement à l’autre extrême du spectre de nos sociétés nord-occidentales. On parle de ces gens avec une grande humanité.
HÔTEL-MOTEL s’est associé à Orange Noyée afin de donner voix à ces gens, à ces artistes qui nous ressemblent mais qui vivent dans un monde qu’on voudrait à l’opposé du nôtre.
Lapin blanc, lapin rouge a bénéficié du soutien du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts de Montréal.
Texte Nassim Soleimanpour
Traduction Paul Lefebvre
Mise en scène Philippe Ducros et Mani Soleymanlou
Interprétation différente chaque soir (création) Sophie Cadieux, Fabien Cloutier, Patrice Dubois, Kathleen Fortin, Éveline Gélinas, Mathieu Gosselin, Amir Khadir, Olivier Kemeid, Alexis Martin, Monique Miller, Étienne Pilon, Ève Pressault, Dominique Quesnel et Sébastien Ricard
Scénographie Romain Fabre
Éclairages Thomas Godefroid
Direction technique Caroline Turcot (création) et Mélissa Perron (tournée)
Assistante à la mise en scène, régie et direction de production Catherine La Frenière
Relations de presse Karine Cousineau Communications
« Il est vertigineux d’observer un acteur donner ainsi vie, sans préparation, aux mots d’un autre artiste entravé dans sa création et dans sa possibilité de toucher un public, et de le voir confronté à une question de taille : serait-il capable de pousser son rôle jusqu’à mettre sa vie en danger, comme l’auteur le fait lui-même? Une bonne occasion de se rappeler que la liberté de mouvement et d’expression dont nous jouissons n’est pas la même pour tous, de se demander ce que nous faisons de notre liberté, et de réaliser qu’avec nos droits vient une responsabilité: celle de nous battre pour que tous aient les mêmes que nous. » – Revue JEU, Aurélie Olivier
« Entre le cirque auquel nous invite l’auteur et celui que la société instaure, il n’y a pas de différence, nous dit Nassim Soleimanpour dans un rapprochement qui nous rappelle que nous sommes tous menacés de devenir des lapins soumis. » – Voir.ca, Elsa Pépin
Saison 2013-2014
Théâtre du Trillium – Ottawa (Ontario, Canada) – 25 février au 01 mars 2014
Création
Théâtre Espace Libre – Montréal (Québec, Canada) – 28 novembre au 15 décembre 2012